Aux racines de la Réforme radicale
L’apostrophe d’une œuvre graphique saisissante
Le musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg propose, en ce moment, une rétrospective consacrée à l’artiste allemande Käthe Kollwitz. L’essentiel de ses travaux sont des gravures, des dessins en noir et blanc et des statues, qu’elle a produits pendant la première moitié du XXe siècle. Il est difficile de la classer dans un genre. On a pu la qualifier d’expressionniste et il est vrai que ses œuvres ont une grande force expressive. Mais là s’arrête la proximité.
Käthe Kollwitz peint la misère et la souffrance qu’elle voit à sa porte. Elle était proche de la social-démocratie allemande, mais son approche est plus sensible que politique ou idéologique. Elle a produit, par exemple, une gravure représentant l’enterrement du leader spartakiste Karl Liebknecht, mis à mort alors qu’il tentait de provoquer une révolution dans l’Allemagne vaincue, juste après la guerre de 14-18. Elle écrivit à cette occasion : « En tant qu’artiste, j’ai le droit d’extraire le contenu émotionnel de toute chose, de le laisser agir sur moi et de l’extérioriser. J’ai par conséquent le droit de représenter l’adieu des ouvriers à Liebknecht, sans suivre Liebknecht dans ses idées politiques ».