La fondation américaine Pew a sondé, en septembre dernier, un échantillon substantiel d’Américains (plus de 6.800) sur un certain nombre de questions de société (notamment en vue des prochaines élections présidentielles). Les résultats peuvent surprendre. 61% d’entre eux considéraient que les inégalités économiques, aux Etats-Unis, étaient trop fortes. Une liste d’enjeux était proposée aux personnes interrogées et elles ont classé certains d’entre eux comme très prioritaires : un meilleur accès à la protection santé, la lutte contre la toxicomanie, l’accès élargi aux premières années d’université, la lutte contre le terrorisme, le changement climatique (très prioritaire pour 49% des personnes et plutôt prioritaire pour 27 % d’entre elles), la réduction de la violence liée aux armes et, finalement, la réduction des inégalités économiques. Sur certains items (comme le dernier, on l’imagine volontiers), les plus riches se séparaient des plus pauvres. Mais, par exemple, pas sur la prise en compte du changement climatique.
Avec ce genre de tableau, on ne comprend pas comment un président et un parti qui (mis à part la lutte contre le terrorisme) tournent aussi résolument le dos à tous ces problèmes peuvent jouir d’une telle popularité, au point que la réélection de Donald Trump soit de l’ordre du possible.
Entre opinion et vote : un fossé
Cela mérite réflexion. Commençons par une série de commentaires qui relèvent de la sociologie politique classique. Le premier est que l’on sait, depuis longtemps, que les opinions sont volatiles et qu’elles ne reflètent que très imparfaitement les ressorts qui font agir (et voter) pour de bon les personnes. Tout un chacun est plutôt d’accord, par exemple, avec le fait qu’il y a trop de pauvres et que la richesse devrait être mieux répartie. Mais si un gouvernement prend à bras le corps cet enjeu, nul doute qu’il se heurtera à des oppositions nombreuses. On connaît également cette contradiction à propos du changement climatique : il faut s’en occuper, dit-on volontiers, à condition (c’est sous-entendu) que cela ne dérange pas mes habitudes. Il y a donc toujours une ambivalence des opinions, et cette ambivalence n’est pas captée par un simple sondage.
Une mennonite américaine à l’honneur
En février 2013, Loïs Gunden est devenue, à titre posthume, « Juste parmi les nations ». Ce titre est décerné à ceux qui ont mis leur vie en danger pour sauver des juifs durant la Seconde Guerre mondiale.
Qui était Loïs Gunden ?
Cette jeune mennonite américaine a été envoyée, en 1941, par le Comité central mennonite (MCC) comme volontaire dans le sud de la France afin d’aider le comité de secours mennonite dans l’assistance aux réfugiés. Elle est amenée à diriger la villa Saint-Christophe à Canet-Plage où elle a la responsabilité d’une soixantaine d’enfants, d’abord des Espagnols dont les parents ont fui l’Espagne franquiste et qui sortent du camp de Rivesaltes, à côté de Perpignan, puis des enfants juifs libérés ou échappés du même camp de Rivesaltes. Ce camp devient en 1942 le centre de regroupement des juifs pour la zone Sud. Loïs Gunden est parvenue à faire sortir quelques enfants du camp et à plusieurs reprises, elle aura l’occasion de protéger des enfants juifs contre des policiers français venus les chercher. C’est pour ces actions qu’elle a reçu en 2013 le titre de « Juste parmi les nations ».